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Journal d'un jeune pilote

Mayday, Mayday, Mayday, panne moteur ! #12

21 Mars 2016 , Rédigé par Degroise Dimitri

Depuis le lâché il s'en est passé des choses. J'ai revolé plusieurs fois avec mon instructeur avec qui le courant passe plus que bien. La semaine qui suivi le vol du lâché il faisait un temps assez exécrable. Le plafond de nuage était à la limite imposée par la DGAC. On a réussi à faire quelques tours de pistes tout de même mais avec la tête dans les nuages. Premier tour parfait, Nico je me propose d’atterrir sans les volets (les volets agrandissent la surface de l'aile, permettant d’être beaucoup plus stable pour voler à basse vitesse à l'atterrissage. Sans eux c'est de le décrochage à basse vitesse, l'avion ne vole plus, c'est la chute tel un caillou). Donc pour éviter ce problème on augmente la vitesse pour éviter le décrochage. Mais la conséquence directe et que le manche me résiste dans les mains, l'avion est peu stable et ça commence à trembler. Et pour corser l'affaire, le nez de l'avion pointe vers le haut (comme si on décollait) donc je vois rien devant moi. Il faut se fier à la vision latérale. Pour l'atterrissage la vitesse étant plus élevée il faut plus de distance pour effectuer l'arrondi puis pour freiner donc on dévore toute la piste. C'est pourquoi il faut viser l'entrée de la piste. Arrivé a à l'arrondi le nez de l'avion pointe vers les nuages je ne vois rien à part le coté de la piste. C'est une question de " feeling ". Je pose l'avion et on s'empresse de redécoller car la piste touche à sa fin. On le fait 3 fois et on rentre. Pendant le roulage on laisse passer un Cessna citation (voir photo), avion sur lequel Nico vole en tant que pilote. Séance panne volets terminée !

La fois suivante, on a introduit l'utilisation du VOR (en résumé c'est une balise qui donne des informations sur notre position par rapport à elle et cela permet donc de se repérer, indispensable pour les navigations donc). Après un petit cours au sol on va s'entraîner dans le secteur de l'aérodrome avec le VOR de Rambouillet entre autre. Cela n'a rien de passionant en soit pour vous je l'admet mais son utilisation est indispensable. Après avoir fait plusieurs utilisations on rentre. Nico me préviens qu'au prochain on va essayer la panne moteur, ça donne envie.

Maintenant on arrive au vif du sujet ! Séance suivante, dimanche 07/03 beau temps, mais pas mal de vent. Briefing avant le vol, la panne moteur. Il m'explique la procédure, il me montrera comment faire au début et après c'est à mon tours. Je m'empresse de rejoindre l'appareil, 20 minutes plus tard les roues s'élèvent du sol on est partis. Alors vous vous demandez comment on fait une simulation de panne moteur? Eh bien il fût un temps où l'instructeur coupait réellement le moteur à haute altitude et le rallumait quand il s'approchait du sol. Mais cette technique possède trop de défauts. De nos jours on se contente de réduire totalement les gaz, le moteur tourne au ralenti. Il s'avère que le résultat est exactement le même. On descends très vite comme une vraie panne moteur. Il suffit de remettre pleins gaz dés qu'on souhaite remonter !

Il me montre une première fois comment faire, tous les mouvements ne sont pas réellement effectués, on le dit à voix haute et on mime le geste. Dés qu'il réduit les gaz ça freine très vite. Il me montre comment faire. On remonte à 3'000 pieds c'est à mon tour, mon cœur bat vite, le stresse monte. Il annonce "panne moteur" réduit les gaz, on y est. Premier réflexe, la vitesse, l'avion est à 120 noeuds en croisière il faut tout de suite récupérer la vitesse optimale pour descendre le moins vite. Mon ennemi est mon altitude mon amie la vitesse. J'annonce immédiatement "80 noeuds". Une fois atteint cette vitesse il ne faut jamais la lâcher. Deuxième étape, trouver une zone dégagée. La France est un pays remplit de champs. Un tour de l'horizon et on évite les villes, on cherche une zone pleine de champs. Troisième étape chercher et essayer de résoudre la panne. Je mets la pompe sur ON , je change de réservoir, j'essaie de redémarrer le moteur, rien. C'est dans le champs que ça va se passer maintenant ! Quatrième étape , la radio, prévenons nos amis sur terre " Mayday, Mayday, Mayday,Fox Hotel Alpha Alpha Tango panne moteur, dans le secteur ouest de Chartres" puis le transpondeur en "détresse" sur 7700 et enfin la balise sur ON. Cela fait 30 secondes que la panne a débutée, la vitesse est repassée à 90 noeuds, j'ai perdu de l'altitude, déjà 2'000 pieds et ça s'arrange pas du tout. Je récupères donc la vitesse et il faut trouver l'heureux élu, le champs sur lequel je vais me poser, tout en gardant en tête d'où vient le vent (on décolle et atterrit face au vent). Et il faut atterrir dans le sens du champs. Le temps de le trouver (environ 10 secondes) j'ai déjà reperdu la vitesse et l'altitude réduit très vite. La vitesse est récupérée , j'annonce mon champs, un cran de volet.

Maintenant c'est de la survie. La vitesse devient une obsession, je commence à voir des tracteurs on est vraiment très bas. Je suis sûr d'atterrir dans le champs devant moi, dernier cran de volets, si je veux prier c'est maintenant. La on est vraiment très bas. Je croise une voiture, je distingue la tête de la conductrice qui se demande ce que je fais là, j'aimerais lui répondre ! Mon instructeur annonce "remise des gaz" et on remonte immédiatement. J'étais tellement dedans que j'avais oublié qu'il fallait pas réellement se poser ! En l'espace de 3 minutes et demie je me suis retrouvé à 40 mètres d'un champs. Il faut réfléchir vite, très vite.On recommence à 2'500 puis à 2'000 puis à 1'500 pieds. Au bout du compte il me reste 2 minutes pour sauver l'appareil. C'est à ce moment là que je comprends la difficulté du métier de pilote. Je retombe amoureux de ce métier instantanément. Sur les 4 essais je nous aurait sauvés que 3 fois. Va falloir bosser pour passer à 100 %. On rentre en sécurité grâce au VOR (d'où son importance) et on fait le débriefing rapidement. La panne moteur est ce qui a de pire sur un monomoteur. Il faut faire très vite et il faut avoir de la chance. Car tomber en panne au dessus d'une forêt c'est mortel. Oui il y a des risques en aviation générale, ça pimente les sentations ! Hâte de revoler !

Mayday, Mayday, Mayday, panne moteur ! #12
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